Delphine vit à Bayonne. « Dans le sud ouest, à la frontière de l’Espagne. Nous avons quitté Paris pour l’océan déroutant et les montagnes escarpées. Nous ne le regrettons pas. » Elle est mariée à Guillaume depuis dix ans. Delphine pleure en écoutant Chopin et met au défit quiconque de réaliser mieux que sa mère un tajine agneau-pruneau. Son parfum ? « Je n’en porte aucun. Mais je me souviendrai toujours de l’odeur de lait de mes enfants que j’ai longuement allaités. Notamment trois ans pour Jasmin. »
Ava et Jasmin ont des prénoms magnifiques et peu courants. Delphine nous raconte l’histoire de son choix. « Pour Ava, que nous avons eue si vite et de façon tout à fait imprévue, le choix d’un prénom s’est imposé sans recherche. Ce serait Ava. Elle aurait des airs de noir et blanc et une classe folle. Je crois que nous ne nous sommes pas trompés. Jasmin est un véritable coup de cœur commun, un prénom au carrefour de l’orient et de l’Asie tout en étant absolument fleuri. Ce prénom lui va tellement bien. J’aurais du mal à trouver un prénom que j’aime autant pour un autre petit garçon. »
Delphine a longtemps allaité ses enfants. Nous évoquons, toutes les deux, la pression sociale et le regard pas toujours bienveillant des autres. « Je ne me suis jamais posé la question d’allaiter, c’était évident. J’ai adoré ces moments précieux partagés avec Ava et Jasmin. Un jour, alors que Jasmin avait deux ans et demi, une dame est venue me dire que cela la dérangeait que je l’allaite ainsi sur la plage. Elle était seins nus, ça m’a fait beaucoup beaucoup rire ! »
Cette force de résister à la pression extérieure, Delphine l’a peut-être puisée dans l’éducation et l’exemple que lui a donné sa propre mère. « Maman est professeur de yoga et porte volontiers des sarouels. Elle arpente le monde entier en marchant. Ces dernières années la révèlent. A 55 ans, elle voudrait avaler des kilomètres autour du monde. C’est une richesse incroyable pour elle et de fabuleux récits pour nous. »
Delphine a reçu une éducation plutôt cool ! « Mais je crois que je l’étais moi aussi. Puis des valeurs féministes que je revendique et transmets aujourd’hui.
Avec mes enfants je fais énormément de sorties et je les écoute beaucoup. J’ai toutefois des principes avec lesquels je ne transige pas comme l’heure du coucher, 19h30 depuis toujours. Je trouve ça important pour eux et tellement salvateur pour moi. »
Notre maman « coule » comme elle aime se définir a un projet secret admirable, faire l’école à la maison pour Ava et Jasmin.« C’est un projet qui me tient à cœur. Nos rythmes sont effrénés et je trouve toujours que je ne vois pas assez les enfants. Je voudrais leur apprendre d’avantage les jolies choses et arpenter les musées. Dire l’histoire plutôt que de l’enseigner. Ce serait bien ! »
Delphine adore la décoration, je lui demande à quoi ressemble son « chez elle ».
« Notre appartement a beaucoup de cachet. Le parquet vient d’anciennes lattes d’un bateau jadis amarré au port de Bayonne. Il est magnifique. J’aime que les murs soient blancs, les plafonds hauts et les pièces soient peu chargées. Et puis les plaids, j’ai une passion pour les plaids ! »
Nous terminons notre discussion sur des notes parfumées. Je demande à Delphine à quoi ressemblent ses vacances idéales, elle me répond : « Mon Maroc, le chant du muezzine, l’odeur des épices et les souks tortueux. »