Sophie Astrabie est autrice. Elle écrit tellement bien qu’on pourrait croire que ses mots ont été alignés juste pour nous à un moment où on en avait vraiment besoin. Maman de trois trois filles, elle parle de la maternité avec tellement de singularité que tout le monde s’y voit. Entre deux trois journées bien occupées, elle a répondu à notre interview Premières fois #merciiiiSophie
Ton premier souvenir d’enfance ? Les vacances à l’océan, la table de camping jaune pliable, les orteils mal répartis dans les tongs, l’odeur des pins, les vagues qui nous enroulent, le sable dans le maillot, les nuits sous la tente sur un matelas gonflable coincée entre mon frère et mon cousin.
Ta première passion ? Le basket ! Je pense que pour connaître la passion des gens dans leur jeunesse, il faut leur demander leur première adresse email. Moi c’était tipi9_@hotmail.fr … pour Tony Parker.
Ton premier émoi ? Sûrement Simon en maternelle. En tout cas, j’ai donné ce prénom au lapin nain que j’ai ensuite reçu pour mon anniversaire. J’ai longtemps prétendu vraiment aimer ce prénom et ne pas voir le rapport.
Ton premier bisou ? À l’arrêt de bus, le jour du cross du collège. C’était en 5ème et assez désastreux. Je me souviens me dire mentalement « allez, on y va » comme s’il fallait se motiver à sortir de chez soi sous une averse.
Ta première désillusion en devenant adulte ? On ne peut plus retourner se mettre en boule dans le lit de ses parents. J’y pense super souvent !
Ton premier « Je t’aime » ?Je fais partie de ces personnes pour qui il est très difficile de le dire. Mais c’était à 15 ans, dans la pire relation que l’on puisse avoir à cet âge.
Ta première déception amoureuse ? Le premier amour non réciproque. Et en même temps, c’était sûrement mieux de le rêver que de le vivre.
Ta première folie par amour ? Écrire un jour au garçon à qui j’avais promis de ne plus jamais écrire pour lui demander s’il était sûr de ne pas vouloir m’épouser. De toute évidence, il ne l’était pas. On a trois enfants.
La première présentation aux beaux-parents ? À la remise de diplôme de la grande sœur. Le genre d’endroit où tu comprends que tu n’as rien à faire là seulement quand tu y es déjà. J’ai le souvenir de mon beau-père qui part chercher une chaise et qui pousse toutes les assiettes pour me faire une place à leur table.
Ton premier avis sur ton premier roman ? Le plus grand souvenir de ma vie d’écrivaine. Je me souviens exactement où j’étais quand je l’ai lu, comme on s’en souvient de la chute des tours du Wall Trade Center.
Tes premiers droits d’auteure ? J’ai acheté un yacht aux Seychelles. À moins que ce soit un paquet d’allumettes… je sais plus. Dans tous les cas, ça n’a pas été aussi fort que d’autres étapes de ma vie d’autrice comme signer mes livres en service presse ou faire ma première séance photo.
La première fois que tu as dit que tu étais autrice ? J’ai mis un temps fou à y arriver ! J’ai commencé à dire que j’écrivais, puis que j’écrivais des livres. C’est assez récent que je réussisse à dire que je suis autrice. Il aura fallu 3 romans.
Ton premier gros stress dans la vie ? J’ai toujours rêvé de voyager mais je n’ai pas eu l’occasion de le faire enfant. Alors à 20 ans, j’ai trouvé un stage à La Réunion. J’ai déployé tellement d’énergie à faire toutes les démarches, à trouver un logement et l’argent nécessaire que ce n’est qu’une fois dans l’avion que j’ai réalisé qu’en fait, j’avais peur en avion. Il y avait 11h de vol.
Les premiers mots de tes enfants ? “Lune” pour la première petite fille et ce n’est sûrement pas un hasard : elle y va très souvent en voyage.
La première fois que tu t’es sentie à ta place ? C’est en ce moment et ça doit faire 3 ans. Je crois que je suis à ma place depuis que j’ai deux enfants. Tout s’est équilibré à ce moment-là. On a déménagé, j’ai changé de maison d’édition, j’ai publié mon deuxième livre. J’ai repris en main ma vie qui m’échappait. Depuis je suis à ma place.
Le premier mensonge par amour ? (On ne lui dira pas.) Oh je pense que c’est un “de toute façon j’avais déjà quelque chose de prévu”
La première fois que tu as entendu « maman » ? Je m’attendais à une meilleure prononciation.
La première fois que tu as su que tu allais être trois fois maman ? Petit vertige ! J’ai pensé que ce deuxième trait sur ce test de grossesse n’en était pas vraiment un. Alors j’en ai refait un autre. J’ai gardé l’information pour moi, vraiment que pour moi, pendant 2 jours. Et puis je lui ai offert un petit bonhomme en parachute. Pour lui dire qu’on allait faire un saut dans le vide.
La première chose que tu fais le matin ? J’ouvre les volets ! Je déteste la lumière artificielle quand il fait jour dehors.
La maman que tu étais pour la première fois comparée à celle que tu es pour la troisième fois ? Beaucoup plus épanouie, beaucoup moins rigide (sauter une sieste n’entraîne pas la mort). Il y a cette phrase d’Epictète qui a un peu changé ma vie le jour où je l’ai lue : Ce ne sont pas les événements de leur vie qui troublent les humains, mais les idées qu’ils s’en font. Parfois on n’ose pas faire des choses avec nos enfants parce qu’on se dit que ça va être compliqué. En réalité c’est cette idée qui nous mine. Quand on fait les choses, tout est plus simple.
La première fois que tu as été fière de toi ? Mon premier match de basket, quand le coach a dit à mon père « On ne dirait pas comme ça mais… » Je n’ai jamais eu la fin de la phrase, mais ça avait l’air d’être un compliment. Même si a priori “on ne dirait pas comme ça”
Le première pièce émoi émoi dans ton coeur ? Un tee-shirt Mother of Two car c’est avec deux enfants que j’ai enfin trouvé un équilibre en tant que mère.