L’invité du Mag, c’est la rencontre d’une personnalité et d’une problématique. Pour quelques lignes, le Mag lui appartient. Il est sien. Le ton, le style et l’histoire qu’il raconte lui sont propres.
Aujourd’hui, c’est Astrid, créatrice de la marque En Culotte Courte qui a accepté d’être notre invitée et de plancher sur ce thème : « J’ai des enfants et je travaille à la maison. »
Parisienne d’adoption, j’ai 29 ans, je suis mariée et je suis la maman d’Eliott, 5 ans, Paola, 3 ans et Pia, 1 an. Je suis fondatrice de la marque pour bébé, En Culotte Courte.
La marque est née peu de temps après la naissance de mon premier enfant. J’avais deux choix qui s’offraient à moi à l’époque : reprendre mon travail d’assistante dans un gros groupe du secteur public français ou m’occuper de mon fils. J’ai choisi la deuxième option.
Grâce à Eliott, j’ai découvert le plaisir de la couture pourtant je n’y étais pas prédestinée ! Après quelques cours particuliers avec ma maman, En Culotte Courte est né en octobre 2012. Tout a démarré de façon très simple : je proposais de coudre, à la demande, des chemisiers, des bloomers et des barboteuses. Les clientes pouvaient également choisir leur tissu.
En septembre 2013, ma fille Paola est née, j’ai fait une pause. Elle m’a permis de réfléchir davantage à ce projet. J’ai eu envie de faire de cette occupation un vrai travail, une vraie marque. Avec l’aide de mes deux sœurs graphistes, l’appui indispensable de mon mari mais aussi de ma famille, En Culotte Courte renaquit et devint une marque à part entière, spécialisée dans les barboteuses.
Je travaille de chez moi, dans mon petit appartement de 55m2 ! Notre table de salle à manger/salon se transforme en atelier la journée ; quoique moins souvent ces derniers temps parce que, pour la première fois, je délègue une partie de la production à un atelier parisien. Il m’arrive toutefois encore de sortir mes affaires le matin et de les ranger le soir même. C’est une organisation et une habitude à prendre. Au début je n’étais pas très disciplinée. Il fallait que je me motive à sortir tout le matériel, mais aussi ne pas me laisser tenter par les tâches ménagères… J’aime que les choses soient rangées. Dans un petit appartement avec trois enfants, ça peut vite être désordonné.
Petit à petit j’ai appris à organiser mon emploi du temps. Mes journées sont prévues tel quel : après avoir déposé les enfants à l’école et à la crèche, je m’accorde 1h pour m’occuper de ma « maison ». Le reste de la journée est consacrée à ECC, jusqu’à 15h30, l’heure à laquelle je récupère les deux aînés. Le mercredi est un jour off.
J’ai mis du temps à trouver cet équilibre. Au début, lorsque je cousais tout moi-même, je travaillais bien plus : tous les jours de la semaine, et ce jusqu’à 18h. Je continuais parfois après le dîner ou les week-ends. Il m’est arrivé d’avoir à coudre soixante-dix barboteuses en un mois.
Un jour, j’ai eu une prise de conscience : la marque était en train d’empiéter sur ma vie familiale. Pourtant, lorsque j’avais fait le choix de ne pas reprendre un boulot « normal », d’être salariée, c’était justement pour me consacrer à mes enfants. J’ai donc cherché un atelier pour déléguer la production, qui sinon me prend énormément de temps. De fait, cela diminue mon rythme de travail.
J’ai aussi revu mes objectifs. Même si je tiens à conserver cette petite échelle – tout du moins pour l’instant, mes ambitions pour la marque n’ont pas changées. Seulement, elles prendront peut-être plus de temps à se mettre en place que ce que j’avais imaginé et c’est très bien comme ça aussi. Je tiens à profiter pleinement des enfants qui grandissent si vite.
Ces choix, je ne les ai pas faits seule. Nous étions à deux, avec mon mari. Et c’est indispensable. Il est pour moi un immense soutien, un pilier majeur. Nous avons la même façon de voir les choses : privilégier l’épanouissement personnel au confort matériel. Sa situation d’architecte, qu’il apprécie énormément et qui l’occupe beaucoup, nous permet de vivre avec un seul salaire fixe. Modestement certes, mais cela nous convient. Je dois reconnaître qu’il m’arrive de rêver d’un grand appartement avec une belle cuisine ouverte sur le séjour, d’une femme de ménage… Nous avons fait d’autres choix et, après tout, rien ne dit qu’un jour nous n’aurons pas tout ça !
L’aventure d’entrepreneur est passionnante. C’est une réelle satisfaction personnelle. Je suis très heureuse et très fière avec mes enfants, mais je dois dire que mon activité me permet de ne pas être « qu’une maman » et de m’épanouir en tant que femme et créatrice.
L’aventure est pleine de rebondissements. Il y a des jours plus difficiles que d’autres. Parfois j’ai eu envie de tout abandonner parce qu’il est vrai que régulièrement je me lève le matin et me couche le soir avec les problématiques ECC dans la tête. Ma marque reste souvent pour moi une préoccupation permanente et une source de questionnement incessant. Est-ce que ma collection va plaire ? Quelles sont les envies de mes clientes ? Est-ce que je vais pouvoir me réinventer de cette façon indéfiniment ? Il y a aussi des questions financières. Mais je pense que c’est normal qu’il y ait des hauts et des bas. Dans ce cas je me détache un peu de la marque pendant quelques temps afin de réfléchir à tête reposée et de reprendre des forces pour affronter la suite.
Il y a des instants de bonheurs intenses qui me permettent d’aller de l’avant. Le plus beau cadeau que peuvent me faire mes clientes est celui de m’envoyer une photo de leurs petits culottés portant mes créations !
Un immense merci à Astrid d’avoir accepté d’être l’invitée du Mag. Si vous voulez découvrir ses si jolies créations, c’est par ici : En Culotte Courte