On a beaucoup parlé dans les médias des activités à mettre en place pour occuper les enfants de 4 ans et plus. Mais après plus d’un mois et demi de confinement, on entend aussi les parents de tout-petits qui se questionnent sur l’art et la manière d’occuper son enfant, de lui donner un rythme, de l’apaiser sans forcément sortir de la maison. Car le confinement les oblige aussi à s’adapter. Gaëlle Ribière, psychomotricienne et fondatrice de la super plateforme Eveil et Conseil nous donne les clés d’un confinement des bébés et des tout-petit serein et enrichissant… Go ?
Verbaliser ses absences et les changements.
« Avec le confinement, il n’y pas plus de frontière, plus de séparation entre sa maison et son lieu de travail. On oublie de verbaliser nos absences quand on s’isole pour télétravailler par exemple. Or, pour les tout-petits, il y a séparation. Et si elle n’est pas verbalisée, elles peut être mal vécue. Entre 18 mois et 2 ans, le sentiment de culpabilité est, par ailleurs, très présent : « Est-ce ma faute si maman part ? », « Est-ce ma faute si elle est agacée ? ». Alors, à 6 mois, 10 mois, 2 ans, on leur dit : « Je vais travailler quelque temps dans la chambre, à l’étage. Pendant ce temps là tu vas faire ci, ça, …et ensuite je reviens. » Chez les petits qui vont à la crèche ou qui sont gardés seuls ou avec d’autres enfants, c’est aussi une bonne chose de continuer de parler des petits copains, des puéricultrices qui l’entourent d’ordinaire, de la nounou, de la petite fille qu’il voit tous les jours. Même à 6 mois, on ressent ces changements et c’est important de les verbaliser et de lui dire qu’il va retrouver (un jour !) cet environnement. »
Ritualiser les instant clés de la journée.
« On parle du rituel du coucher et du repas mais en cette période de temps à la maison où l’organisation n’est pas simple à trouver et durant laquelle les parents ne peuvent pas être 100% disponibles en même temps toute la journée, on peut essayer de ritualiser les journées des tout-petits. Le matin : jeux avec papa, maman ou les deux en fonction du (télé)travail de chacun, à 11h on fait une petite sortie, on danse, on fait un parcours moteur « homemade ». Après la sieste de l’après-midi : on fait une activité créative autour de la table, après le goûter : on écoute une histoire ou des chants… On tente de rythmer la journée comme à la crèche. Car même les petits ont besoin d’encadrer leur journée. Cela les sécurise et ça permet aussi aux parents de garder un rythme.
Répondre à leurs besoins sensoriels.
« Certains parents se demandent si les bébés de moins de 1 an souffrent de ne pas sortir, de rester enfermés à la maison. Les jeunes bébés n’ont pas besoin de sortir pour se développer et se sentir bien. Il n’y pas de nécessité à cela. En revanche, ce qui est intéressant dans les sorties à l’extérieur, c’est l’éveil sensoriel. Ça, ils adorent. On peut tout à fait proposer à son bébé des stimulations sensorielles en restant à l’intérieur : souffler dans ses cheveux ou délicatement sur on visage pour lui procurer la sensation du vent, fabriquer un bâton de pluie avec une bouteille d’eau remplie au quart de grains de riz pour le son, lui faire écouter à la fenêtre le chant des oiseaux, lui montrer les feuilles d’un arbre qui bouge, prendre une fleur ou une tige de fleur et caresser ses petits pieds avec pour la sensation de l’herbe, écouter des sons enregistrés de nature disponibles sur YouTube, lui faire tapoter des mains ou des pieds dans un peu d’eau… Tout est découverte sensorielle. Ne vous en privez pas ! »
Photo : @misskyreeloves
L’apaiser.
« En cette période inédite et déstabilisante, les bébés ressentent inévitablement le stress des parents. Ce qui n’est pas du tout grave mais qui peut naturellement l’agiter. A vous donc de trouver les ressources pour vous apaiser et lui transmettre ainsi votre sérénité. Les bébés qui ont l’habitude des balades en écharpe de portage sont sensibles aux sentiments de plaisir de la maman à ce moment là. Vous ne pouvez pas sortir ? Transposez ce moment agréable à la maison en reproduisant ce balancé de la marche en bougeant votre corps de droite à gauche comme une danse. Vous vous sentirez bien et lui aussi. Le chant est aussi un bonne approche. Plus vous ferez des choses qui vous font du bien, plus il ressentira ce plaisir et donc cet apaisement. Les massages sont aussi une bonne option. Ou l’art de détendre son bébé en s’apaisant soi-même. »
En profiter pour rythmer son sommeil.
« Votre bébé ou tout-petit a du mal à trouver un rythme de siestes en crèche ? C’est l’occasion de prendre le temps de ritualiser ses temps de sommeil à la maison. En le calant progressivement vers des siestes longues, le matin et l’après-midi. En prenant le temps de lui donner un rythme de sommeil adapté à son âge. Vous êtes présents et c’est aussi une chance pour observer ses habitudes et l’aider à s’endormir seul sans avoir à le promener en poussette ou à l’avoir en écharpe. C’est aussi un instant précieux pour aborder la diversification des plus petits dans le calme. »
Etre dans la qualité plutôt que dans la quantité.
« Vous êtes à la maison mais vous devez aussi travailler, gérer la logistique, le ou les plus grand.s ? Ne culpabilisez pas de ne pas pouvoir être tout le temps là pour votre tout-petit. Vous êtes là pour répondre à ses besoins naturels : repas, sommeil, soins, câlins. Pour le reste, réservez des instants de jeux et d’éveil de qualité. 20 minutes pleinement là avec lui déconnecté.e du travail et du téléphone, valent mille fois mieux que 2h en pointillé sans présence réelle à ses côtés. »
Lui proposer des temps d’éveil avec ce que l’on a à la maison.
« Vers 10-12 mois, le bébé est en quête de découvertes. Il fait un bond psychomoteur énorme. C’est le moment de l’accompagner avec des choses simples : le « coucou-caché », les jeux de transvasement avec des petits bols, un placard vide et sécurisé qu’il puisse ouvrir et fermer, des pinces à linge attachées à son vêtement qu’il tente de détacher, des bouteilles sensorielles qui renferment des pâtes, du riz, des billes… pour appréhender les sons différents, un parcours moteur maison (je passe sous la chaise, au dessus du coussin, dans un carton en guise de tunnel.) La maison foisonne d’outils simples pour l’aider à s’épanouir. »
Sur le site Eveil & Conseil, Gaëlle Ribière et sa team de professionnels proposent des articles pour répondre aux questions récurrentes des jeunes parents. On en a sélectionné quelques uns à lire pour compléter notre article :