Entre 18 mois et 3 ans, votre enfant peut changer de comportement, devenir moins coopérant, voire s’opposer. Il dit non pour aller au bain, se coucher, manger, sortir du parc, s’habiller… En parallèle, il exprime (bruyamment) sa frustration, au cours de tempêtes émotionnelles parfois puissantes. Résultat, vous pouvez avoir le sentiment de ne plus reconnaître votre enfant et vous sentir désarmé.e face à cette situation. Inspirez…L’appli May vous donne quelques clés.
Pourquoi il s’oppose ?
À cet âge-là, l’enfant commence à comprendre ce qu’il aime … et ce qu’il n’aime pas ! Il manifeste maintenant plus facilement un refus face à une situation qui ne lui plaît pas. Mais ce refus est avant tout signe de progrès vers l’autonomie, une manière pour lui de s’affirmer en tant qu’individu capable de prendre ses propres décisions. L’enfant ne cherche donc pas nécessairement à s’opposer à toutes les demandes du parent mais simplement à être acteur des décisions (en choisissant par exemple le moment ou la manière dont il accepte de faire quelque chose).
C’est également un âge où ses compétences se développent : il commence à manger seul, à enlever ses vêtements seul, à se savonner seul … En bref, il veut tout faire “comme les grands”. Il a l’impression d’être totalement autonome alors qu’il ne l’est pas encore tout à fait : certains gestes sont encore maladroits, son langage est encore hésitant … Ce décalage entraîne chez lui un sentiment de frustration qu’il manifeste généralement par de la colère ou un refus.
Cette période est tout à fait normale. On parle de phase d’opposition, de “terrible two” … mais on pourrait aussi changer de regard : votre enfant, avant tout, s’affirme ! Ce changement de prisme n’est pas anodin dans votre quotidien : vous n’êtes pas partis pour des années de lutte, vous accompagnez la construction identitaire de votre enfant. #aaah.
Pourquoi il explose ?
Le cerveau humain est composé de trois zones principales qui arrivent à maturité chacune à un âge différent.
- Le cerveau reptilien, qui contrôle notamment la faim, la soif, le pouls ou encore la tension artérielle, est mature dès la naissance.
- Le cerveau limbique, également appelé émotionnel, qui gère la mémoire et les émotions primaires (la peur, la joie, la tristesse ou encore la colère) fonctionne également dès la naissance.
- Le cerveau rationnel (situé dans le cortex préfrontal, c’est à dire vers le front), qui permet de rationaliser, d’analyser une situation ou encore de moduler ses émotions, ne se développe lui qu’à partir de 4 ou 5 ans … et arrive à maturité plutôt vers 25 ans !
Autrement dit, avant 4 ou 5 ans, l’enfant est entièrement gouverné par son cerveau reptilien, qui sonne l’alerte lorsqu’un besoin n’est pas satisfait, et son cerveau émotionnel, qui fait sauter votre enfant de joie pour un un joli caillou ou se rouler par terre de frustration. Son cerveau rationnel n’a tout simplement pas la maturité pour contrôler ses pulsions et émotions.
Comment prévenir ces crises d’opposition ?
Anticiper ses besoins physiologiques…
Assurez-vous que votre enfant dort assez et qu’il mange ou boit quand il en ressent le besoin, afin d’éviter de générer des contrariétés. La fatigue, notamment, majore tous les sentiments de frustration et les décharges émotionnelles. Par exemple, si vous pouvez éviter le classique passage au supermarché au retour de la crèche, faites-le!
… et ses besoins affectifs
Ressentir assez d’attention positive permet à votre enfant de ne pas avoir à chercher inconsciemment de l’attention négative pour se sentir écouté. A ce sujet:
- La qualité compte plus que la qualité ! 15 minutes de pleine disponibilité et d’échanges chaleureux en début de soirée permettent à votre enfant de remplir son réservoir affectif avant de rentrer dans le fameux “tunnel du soir”.
- Les câlins sont l’arme anti colère ! Ils permettent à son cerveau de sécréter de l’ocytocine (l’hormone du plaisir) qui agit comme un puissant antidote contre le cortisol (l’hormone du stress). Alors câlinez sans modération !
Autre conseil, quand il commence à réagir un peu fortement, demandez-lui s’il est fatigué, s’il a besoin d’un câlin : cela permet de couper court à certaines crises, et d’éviter l’explosion émotionnelle.
Adapter la communication
La façon dont on s’adresse aux enfants à un impact considérable sur leurs réactions et la façon dont ils vivent les choses (oui oui, ça vaut aussi pour les adultes !). Vous pouvez ainsi adopter quelques réflexes simples qui favoriseront sa coopération :
- Donner des consignes positives : plus simple à comprendre pour son petit cerveau immature : “Parle doucement.” plutôt que “Ne crie pas.”
- Ne pas hésiter à donner des consignes ludiques : “C’est l’heure de se brosser les dents, qui arrivera le premier à la salle de bains ?”
- Être patient : attendez au moins 5 secondes après lui avoir demandé quelque chose: son cerveau est beaucoup plus lent que le votre, et c’est donc le temps qu’il faut à son cerveau pour intégrer l’information !
- Se mettre à sa hauteur pour lui parler : il se sent ainsi mieux considéré
Le rendre acteur dans les tâches quotidiennes
Il veut être autonome ? Non seulement c’est normal, mais c’est aussi essentiel dans sa construction ! Maria Montessori disait même “N’importe quelle aide superflue est un obstacle pour le développement”. Alors donnez lui la possibilité de l’être.
Pour cela, vous pouvez :
- lui confier des petites tâches du quotidien pour lui permettre de vous aider (mettre le linge sale dans la machine, les épluchures des légumes dans la poubelle …)
- lui offrir une marge de choix (on s’habille, on met le pantalon bleu ou le jaune ?).
Le rendre responsable de petites tâches va lui faire sécréter de la dopamine (hormone de la motivation) : il restera alors concentré sur sa tâche ce qui lui évitera de se laisser déborder par le reste.
Voire se construire cette petite personne décidée et avide d’autonomie fait de cette phase d’affirmation l’une des plus attendrissantes. Mais c’est aussi une phase difficile ! Alors pensez aussi à vous : c’est le meilleur moyen de leur offrir toute l’attention dont ils ont besoin.
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