Prendre un avion avec un enfant, c’est un peu comme passer un examen. On s’est préparé autant que possible. Le matin de l’épreuve, on se lève l’estomac noué. Les mains sont moites, la mâchoire serrée. Et le cœur qui bat la chamade.
Une seule certitude : ça va être long ! On ne sait jamais si on en sortira diplômée de « maman qui gère » ou bien recalée et estampillée « mère débordée ! »
Première matière, le passage de la douane. L’objectif : garder son calme lors de la fouille corporelle de Doudou, que son propriétaire a toujours du mal à concevoir.
Deuxième matière, la longue marche vers le terminal. Avec un ou plusieurs petits êtres non coopératifs elle peut apparaître comme une traversée du désert. Il fait chaud, on a soif, et on supporte moins bien qu’un dromadaire aguerri le poids des valises.
Troisième matière, celle à plus fort coefficient, le vol. Ou comment mener des pourparlers avec une mini personne dénuée de self contrôle, en vue de la garder collée à son siège le temps du décollage et de l’atterrissage. Le tout en silence bien sûr.
J’aurais pu évoquer également, le rangement des bagages dans les coffres (accessibles aux géants uniquement) d’une main, tout en neutralisant votre enfant de l’autre !
Reste l’angoisse maximale : le regard effrayé, les visages tétanisés, les expressions blasées de vos compagnons de route lorsqu’ils se rendent compte que, oui, il y a des enfants dans l’avion ! Bye bye silence et sérénité. Une fois encore le ciel ne sera pas le plus bel endroit de la terre. Je crois qu’il s’agit là du plus gros obstacle. Supporter le courroux et les soupirs d’énervements des autres passagers.
Une compagnie aérienne semble avoir trouvé un moyen de détendre l’atmosphère. Les passagers du vol 213 de la compagnie Américaine JetBlue se sont vus présenter, début mai, une offre pour le moins originale. Chaque pleur de bébés se transformait en bon de réduction de 25% sur le prix du billet. Sur ce vol intérieur, de six heures, entre New York et Long Beach en Californie quatre adorables enfants ont donc permis d’offrir 100% de réduction à chaque voyageur. A savoir la gratuité totale du voyage. Si ce n’est pas gentil de leur part…
JetBlue a filmé la réaction des passagers avant et après l’annonce de l’offre. Elle est malheureusement édifiante. Avant, ce ne sont que bouches à l’envers et regards de travers. Après l’annonce place aux sourires et à la magnanimité.
Mais ne nous réjouissons pas trop vite, émoinautes, il ne s’agissait là que d’une opération commerciale. Pourtant elle a le mérite de mettre en lumière l’intolérance récurrente des passagers aériens. Ils oublient à quel point il est difficile pour des parents de maintenir des enfants calmes et statiques dans un espace réduit. Ils ne se rappellent plus qu’il y a visiblement fort longtemps, ils ont, eux aussi, été des enfants. Et puis, ne devrions pas leur soumettre l’idée qu’un adulte râleur a du, à coup sûr, être un bébé hurleur ?