Chez émoi émoi, on aime donner la parole aux papas. Et comme chaque naissance est différente, chaque rencontre l’est tout autant. On. a demandé à 4 hommes de nous raconter les premières minutes de ce temps qui s’arrête et qui donne naissance à un milliard de sentiments.
J’ai été frappé par leur ressemblance.
« À son premier cri, j’ai pris une claque. D’abord sonore : il est là, il va bien, je suis papa, j’ai un fils ! Puis visuelle. J’ai deviné les traits de ma maman sur le visage de mon fils âgé de quelques minutes. Quelque chose de dingue, une ressemblance comme un signe. Ma maman était partie 7 mois auparavant alors même qu’elle venait d’apprendre la grossesse de ma femme. Je ne sais pas si cela relève d’un joli message de sa part. Moi, je l’ai pris comme un immense cadeau. » Jules, papa de Léo.
Je l’ai tout de suite aimée.
« Quand ma compagne m’a annoncé qu’elle était enceinte, j’ai eu du mal à me projeter. Et cela a duré toute la grossesse. J’appréhendais son arrivée avec cette question qui me hantait : Allais-je aimer cet enfant ? Je n’osais pas en parler autour de moi de peur de choquer mon entourage. Mais c’était ce que je ressentais à ce moment-là. Et puis, elle est arrivée comme une fleur, en douceur un jour de juillet et dès que je l’ai vue, mon coeur a explosé. 5 mois plus tard, je n’en reviens toujours pas. C’est comme-ci elle avait compris qu’un seul premier regard suffirait à me rassurer. » Paul, papa de Carla
« J’ai loupé la grossesse, je ne vais pas passer à côté de l’accouchement de ma femme ! «
Cette grossesse, je ne l’ai pas vu passer. J’étais là sans être là. Pas super à l’aise, sans doute un peu effrayé, carrément sur la touche même. Et plus les mois filaient, plus je sentais que je m’en éloignais. Ce bébé me paraissait virtuel.
Le jour J, j’ai eu un électrochoc. Ok, les contractions se rapprochent, ma femme a mal…il arrive. IL EST LÀ. J’ai loupé la grossesse, je ne vais pas passer à côté de l’accouchement ! J’ai soutenu, j’ai submergé de baisers, j’ai soufflé, j’ai expiré, j’ai tenu la main, la tête, j’ai transmis ma force, j’ai susurré des mots d’encouragements, j’ai accepté qu’elle me déteste un instant...Bref, j’ai accompagné ma femme comme j’ai pu. Et puis sur une dernière contraction, Alice est arrivée. J’ai senti 15 000 tonnes tomber de mes épaules, j’ai coupé le cordon. Et je n'ai plus lâché ma fille d’un fil. Marco, papa d’Alice, 1 an.
« J’ai lâché ta main qui pourtant avait besoin de la mienne. J’ai abandonné mon poste sans avoir vraiment le choix. »
J'avais une crainte : m’évanouir. Je voulais tellement être le pilier de ma femme que je me suis glissé dans la peau d'un coach US. Et puis, d'un coup, tout est allé très vite. Il fallait se mettre en place, J’ai mis le paquet …et bam, j’ai flanché, j’ai senti mes jambes se ramollir comme du coton. Et au milieu de cette course, une sage-femme a dû s’occuper de moi, m’assoir, m’éponger. J’ai abandonné mon poste sans avoir vraiment le choix. Puis, j’ai entendu son premier cri et mes jambes sont redevenues des piliers. En deux secondes, j’avais retrouvé mes esprits. En un cri, je ne voyais plus qu’elles : ma fille et ma femme. Promis pour le deuxième, je ne flancherai pas. Justin, papa d’Olivia.
"Le coeur de notre fille ralentissait. Il fallait la sortir dans l'heure. Pas demain...dans l'heure."
Une césarienne programmée devait avoir lieu deux jours plus tard. La veille, ma compagne s'est rendue à la clinique pour quelques checks, le protocole quoi.
Mais ça ne s'est pas passé comme prévu. Une heure après son arrivée, elle m'a téléphoné, un peu paniquée. Le coeur de notre fille ralentissait. Il fallait la sortir dans l'heure. Pas demain...dans l'heure. J'ai claqué la porte de mon bureau, je suis passé en vitesse chercher le sac de maternité et je suis arrivée à la clinique comme un robot. Charlotte, protections, masque, et hop, direction la salle d'opération où ma femme m'attendait, déjà anesthésiée. Je n'ai jamais eu aussi froid et chaud en même temps. Mona est née 15 minutes plus tard. C'était si rapide, si loin de ce que j'imaginais que j'ai mis deux jours à comprendre que j'étais désormais papa." Farid, papa de Mona
"Ce voyage, c'était déjà le début de quelque chose de concret."
"On a fait une GPA aux Etats-Unis. On s'est donc rendus là-bas deux semaines avant la césarienne programmée. Ce voyage, c'était déjà le début de quelque chose de concret, on savait qu'on repartirait avec notre bébé. Et ce long voyage était comme un SAS entre deux vies. A l'hôpital, on a pu tous les deux soutenir Mary, qui a porté notre fille. On était vraiment tout petits face à sa force. Et extrêmement reconnaissants, aussi. Avec elle, on a tissé des liens uniques. A la seconde où notre fille Louise a débarqué dans nos vies, on s'est considérés comme deux papas. Et ça, c'est aussi grâce au personnel médical qui nous a fait sentir parent à chaque étape de la naissance, et les jours qui ont suivis." Alexandre, papa de Louise