Sans-Valentin : pourquoi elles embrassent leur célibat

 

En 2024, on comptait 18 millions de célibataires (hommes et femmes) en France, soit 2% de plus qu’en 2023*. Pourtant, à l’heure où nos sociétés glorifient le couple comme source d'accomplissement et de bonheur, le célibat choisi sonne comme un pas de côté marginal qu'il faudrait justifier. Surtout quand il s’agit des femmes. 

Or, quand il est décidé ou qu’il s’avère être bénéfique, le célibat est une ode à l’indépendance et à l’amour de soi. 5 femmes nous racontent ce statut qu’il faut, malgré tout, encore “assumer”.

J’ai connu une belle histoire d’amour, aujourd’hui je la vis avec moi.
“Entre mes 24 ans et mes 32 ans, j’ai vécu avec un homme incroyable. Quand notre histoire a pris fin, j’ai eu besoin d’être seule pour m’en remettre. 3 ans se sont passées et je n’ai pas ressenti l’envie de vivre autre chose, sans doute parce que ce couple passé m’a offert l’opportunité de débuter une histoire d'amour avec moi-même. Alors, je m'en délecte.” 

Je n’ai jamais adhéré à la conception du couple.
"J’ai grandi dans un foyer très aimant avec des parents qui s’aiment encore aujourd’hui. J’ai beaucoup aimé mon adolescence, j’y ai vécu des flirts et des petites histoires très chouettes mais, pour une raison que j’ignore, je crois que je n’ai jamais fantasmé l’idée de me mettre en couple et de fonder une famille. Cela ne fait pas partie de mes sources d’épanouissement. Je partage des moments extras avec des hommes et des femmes mais je n’ai pas envie de former une entité.”

Je suis célibataire mais je ne suis pas seule.
"À la question :  Tu es seule dans la vie ?, j’ai du mal à répondre. Je sais que cela sous-entend : Es-tu en couple ?” mais je trouve que la formulation est assez représentative de notre conception de l’accomplissement. Etre seule, c’est négatif, cela suscite la pitié, l’interrogation. Qu’est-ce qui ne cloche pas chez elle ? Comment peut-on l’aider ? Je ne suis pas seule, je suis même très entourée. Arrêtons de penser que les célibataires sont isolé.es chez eux à binger des séries en attendant le prince charmant."

J’ai longtemps cherché, je me suis perdue.
"Dès ma 30ème bougie soufflée, j’ai senti les sirènes sonner. Je n’avais pas vécu d’histoires sérieuses, je multipliais les aventures, ne présentais personne à mes parents, ne tombais jamais amoureuse…tout le monde commençait à s’inquiéter ! Et j’entendais les premières réflexions avec en toile de fond mon horloge biologique que "devais" surveiller. J’avais l’impression de consacrer la moitié de mon temps à chercher LA personne avec qui faire ma vie. Une petite PME qui consistait à enchaîner les dates, à faire appel à mon réseau … l’enfer. A 32 ans, j’étais HS, fatiguée et lassée. J’ai choisi de m’en délester totalement, et quel bonheur. La vie se doit avant tout d'être traversée avec soi-même..."

Pour les couples, je suis soit une menace, soit une opportunité.
"Je n’ai jamais vécu mes célibats longue durée comme un cas à part de la société. En tout cas en ce qui concerne ma vingtaine. Là où les choses se sont compliquées, c’est quand j’ai librement assumé que je me sentais accomplie et heureuse en étant célibataire durant ma trentaine. Beaucoup de personnes m’ont vue soit comme une menace pour leur couple, soit comme un échappatoire, l’idée presque exotique d’un monde à explorer. Je ne suis ni une voleuse de mecs, ni une aventure potentielle. Il faut que les clichés cessent !"

C'est une phase de ma vie que je rends la plus sereine possible.
"Le célibat, je ne l'ai pas choisi. J'aimerais rencontrer quelqu'un mais je fais tout pour faire de cette période l'occasion de m'épanouir personnellement, de trouver du confort dans l'inconfort. Car ce qui est difficile, c'est la société tout entière qui te rappelle en permanence qu'elle est construite pour la vie de couple (les réflexions de l'entourage, les comédies romantiques, le loyer difficile à gérer seule, les garanties qui ne sont suffisantes pour personne, les weekends entre amis et en famille où tu récupères le clic-clac...). Il y a le célibat à embrasser et le monde autour qui peut t'en empêcher."

*selon les derniers chiffres de l’INSEE

Ce qu'on a aimé lire et écouter

Le livre (et le podcast dont il s’inspire) Le coeur sur la table
Victoire Tuaillon interroge nos rapports à l’amour et à nos relations. Il est donc question du sentiment et des liens amoureux en général, et donc de déconstruire les modèles et les injonctions. 

Le podcast Amour jungle de Ben Mazué
L’épisode sur le célibat avec le dramaturge Alexis Michalik et particulièrement la chronique d'Elise Baudouin.

L’audio Qu'est-ce qui cloche avec les célibataires ? de Single Suspect
Une (en)quête menée par Julia, célibataire qui a arrêté de chercher à tout prix la femme de sa vie, dans la cadre de la deuxième saison de Transmission, l'école libre de narration sonore.

Vieille fille de la journaliste Marie Kock (ed. de la Découverte)
Mêlant récit personnel, pop culture et études sociologiques, Vieille fille formule une hypothèse : qu'il est possible d'inventer d'autres manières de vivre, pour soi et avec les autres, de trouver l'amour ailleurs, autrement. D'avoir simplement envie d'autre chose. Très très interessant !

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