Les nouveaux papas sont-ils coincés dans l’ancien monde ?

 

En discutant avec le père de mes enfants, nous avons eu cette réflexion : La paternité “moderne” n’est-elle pas coincée entre deux mondes ? Celui de la parentalité que beaucoup d’entre eux veulent découvrir, arpenter et investir, à fond. Et le monde tout autour qui cherche à lui mettre des bâtons dans les roues ? L’entreprise qui ne se demande pas si faire une réunion à 18h est raisonnable, l’école qui compte sur la maman pour accourir illico à la moindre toux et pardonne le père de …tout, l’entourage qui glorifie le papa joueur, celui qui fait un passage au parc, amène les kids au marché, monte les petites roues du vélo mais culpabilise en parallèle la mère qui s’octroie un weekend entre copines, n’organise pas de goûter d’anniversaire et a oublié d’acheter le bon cahier. Bref, les nouveaux papas sont-ils coincés dans l’ancien monde ?

 

La semaine dernière, j’ai déposé ma fille à l’école maternelle. La grille était fermée. La directrice adjointe m’a fait la leçon et je suis repartie avec 10 points en moins. Hier, son papa avait oublié de mettre son casque de vélo dans ses affaires, comme la semaine passée. La directrice adjointe lui a gentiment dit : “On va se débrouiller, ne vous inquiétez pas, filez.” La traduction était assez simple :  “Pour une maman, elle exagère ! “ versus : “Pour un papa, il fait de son mieux. Et c’est déjà super mignon.” Vous l’avez ? 

 

Dans la rubrique “Parentologie” du Monde.fr, le journaliste Nicolas Santolaria titre un de ses billets : “Les ruses du “papatriarcat”. Et poursuit : “Et si se concocter une aura de super-papa était devenu la tactique ultime du patriarcat, le moyen de continuer à ne pas lever le petit doigt ?”. Loin de nous l’idée de dire, qu’aujourd’hui encore, les pères jouent un second rôle. On le sait, on avance sur l’égalité mère/père : le congé paternité allongé, le parental challenge signé dans certaines entreprises (dont émoi émoi bien sûr), les hommes qui investissent de plus en de plus de champs… Pas exactement à la vitesse espérée, pas exactement sur tous les points, pas partout, pas tout le temps. Mais on avance. Et évidemment, on avance main dans la main avec eux, les “nouveaux papas”. Ceux, qui depuis quelques années revendiquent aussi leur rôle majeur, leur besoin de temps, de présence, d’investissement au sein de la famille. Ceux qui ne prennent pas leur paternité à la légère et veulent compter à part égale dans l’éducation de leur.s enfant.s. Et le terrain est immense, alors autant l’occuper. 

 

Parler de papatriarcat ou de dad blessing (traduire par “louange du père” : oooh comme c’est extraordinaire d’amener son enfant au parc.) n’est pas anodin à une époque où en couverture du magazine Gala, on fait passer le chanteur Vianney pour un père exceptionnel quand il prend le temps de donner un biberon à son bébé entre deux concerts. Alors, à l’occasion de la fête des pères, célébrons l’idée que les papas prendront complètement leur place à deux conditions : qu’ils le veuillent (ils le veulent) et que l’on considère la part et le rôle des parents de façon juste et équitable. On enlevera ainsi une couche de culpabilité aux mamans qui en sont parfois encore à demander l’autorisation de finir un peu plus tard le travail ou qui calent leur séance de sport au déjeuner pour ne pas bousculer l’”orga familiale”. Et on laissera à tout le monde la liberté et la bienveillance d’apprendre, de contribuer, d’apporter à sa manière sans pression et sans blesser l’autre, sa pierre à l’édifice d’une parentalité égalitaire. 

Bonne fête aux (beaux)-papas, à tous les deuxièmes parents (qui doivent se justifier sur tout, trop souvent). Et aux papas solos évidemment. #onpenseàvous

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Publié le Ecrit par Amandine