Vous avez peut-être entendu parler de cette grève des accouchements par les gynécologues – obstétriciens libéraux en novembre de l’année dernière : pendant quelques jours, les cliniques privées ont arrêté de travailler pour exiger une protection légale en cas d’accident professionnel. Les média ont très vite oublié l’affaire, qui n’est pourtant toujours pas réglée.
L’événement était pour le moins choquant : si la RATP ou la SNCF se mettent en grève, on râle un bon coup et on prend son mal en patience dans les gares et dans les bouchons. Mais si la clinique ne veut pas nous laisser accoucher, que se passe-t-il ? On reste chez soi avec ses contractions et on accouche à l’ancienne ? On a très envie de se mettre à pester contre la société française, paresseuse et inefficace, mais penchons-nous un peu plus sur les motifs de cette grève.
Quelques recherches Google plus tard, j’ai trouvé les infos sur le site du SYNGOF (Syndicat National des Gynécologues Obstétriciens de France) : ” Depuis 2002, les médecins libéraux ont perdu la couverture complète de leur assurance professionnelle. En cas d’accident grave, la participation de leurs assureurs à l’indemnisation est désormais limitée. Au-delà de cette limite, déjà dépassée en obstétrique, le médecin, son épouse et ses enfants sont responsables sur leur patrimoine personnel.”
L’état, sous le lobby des assurances, a limité le risque des assureurs au détriment des médecins. Déjà qu’on manque de gynécos en France, la situation ne risque pas de s’arranger…
Les conséquences pour les futures mamans ? Si vous aviez prévu d’accoucher en hôpital public comme 62% des Françaises, c’est l’état qui prend en charge les dommages et intérêts en cas d’accident, donc les gynécos continuent à exercer normalement. C’est pour les cliniques privées que le problème se pose : si la loi ne change pas, les cliniques privées vont soit fermer, soit augmenter leurs tarifs pour se couvrir du risque de dommages et intérêts !
Une fois n’est pas coutume, émoi émoi devient militant et vous propose de signer la pétition des gynécos aux élus. Non, on ne veut pas d’un système de santé à deux vitesses avec des listes d’attente et un service dégradé en hôpital public et des prix faramineux en clinique privée ! Oui, on est françaises et fières de notre exception, alors les futures mamans : SIGNEZ !
PS : une bande son pour vous convaincre : interview d’un gynéco sur Europe 1 ce matin.