Retour avec Pierre Monnier sur ce que vous ignorez d'Hindbag

À l'occasion de la collab’ ultra fraîche qui annonce le beau temps, on a demandé à Pierre Monnier, fondateur d'Hindbag, de nous raconter l'histoire folle de sa marque, chargée d'un sens unique du "faire ensemble" en prenant soin de la planète. 

 

Hindbag débute son histoire dans le cadre d’un projet de fin d’études, comme
émoi émoi. Comment est née cette envie et ce modèle fort et singulier ?

Effectivement tout commence en 2012, à l'époque j'étais encore étudiant en école de commerce. Dans le cadre d’un projet d’école, j’ai eu l’opportunité de collaborer avec l’ONG Swami Sivananda Memorial Institute (SSMI) en Inde, à Delhi. SSMI disposait déjà d'un atelier textile où des femmes issues de quartiers en difficultés étaient formées à la couture. Une fois formées elles pouvaient travailler à l’ONG en échange d’un salaire juste et d’une place à l’école pour leurs enfants. Mon projet étudiant s'est rapidement transformé en une véritable aventure entrepreneuriale et sociale. À la fin de mes études, j'ai proposé à l'ONG de continuer cette collaboration en concevant des tote-bags et pochettes personnalisés pour les entreprises. C’est ainsi qu’en 2015, Hindbag est né, avec la volonté d’associer engagement social et production responsable pour découler ensuite sur la création d’une marque B2C en 2019. 

Quelles sont les missions et les objectifs de votre ONG partenaire Swami Sivananda Mémorial basée à Delhi ?

Depuis plus de 70 ans, SSMI agit pour l'émancipation des femmes vivant dans les quartiers défavorisés de Delhi. L'ONG va bien au-delà de l'emploi et de l’aide alimentaire : elle prend en compte leur réalité sociale et les accompagne dans plusieurs aspects de leur vie. Elle leur offre un accès aux soins médicaux, les aide à obtenir des soutiens financiers, ou met aussi en place des sessions d'information avec des avocats afin qu'elles connaissent bien tous leurs droits. Malheureusement, beaucoup de ces femmes sont victimes de violences conjugales ou manque d’indépendance financières, et SSMI leur apporte aussi un soutien crucial pour les aider à s’émanciper.

 

Comment se passe et évolue cette collaboration au fil des projets et des saisons ?Nous avons grandi ensemble. Au tout début, seules deux femmes travaillaient dans les ateliers. Aujourd'hui, elles sont 235. Cette croissance nous permet non seulement d’augmenter la notoriété de notre marque, mais aussi de développer des projets sociaux et environnementaux au sein de SSMI. Par exemple, grâce au succès d'Hindbag, nous avons pu financer la construction d'une deuxième école pour l'ONG. Actuellement, nous travaillons sur un projet de recyclage des petites chutes de tissu. Chaque année, nous collaborons avec SSMI sur de nouvelles initiatives, afin de transformer cette croissance en un impact concret et positif.

Produire en Inde de manière éthique et engagée, c’est aussi mettre en avant le savoir-faire indien en matière de filature, de couture et d’impressions. En quoi les ateliers indiens sont-ils particulièrement doués ?
Bien sûr, l'Inde possède des savoir-faires textiles exceptionnels. Nos ateliers perpétuent ce savoir-faire avec notamment le block print, une technique ancestrale d’impression à la main. Cette méthode artisanale, qui utilise des blocs de bois sculptés et des teintures naturelles, donne à chacune de nos doublures un caractère unique. Pour la matière, nous travaillons principalement avec du coton. L’Inde étant l’un des premiers producteurs mondiaux, nous avons choisi un fournisseur local certifié GOTS, garantissant une production responsable en adéquation avec nos engagements éthiques et environnementaux.

On le sait moins mais Hindbag évolue autour de deux axes : une marque de sacs et accessoires de mode en coton bio labellisé GOTS et une marque d'objets textiles conçus vertueusement à destination du B2B. Deux approches qui vous permettent de produire comme vous le souhaitez en respectant un certain équilibre ?
Oui, cette double activité est un véritable atout. Le B2B constitue une première étape pour les femmes qui rejoignent nos ateliers, leur permettant de débuter avec des produits simples comme des tote-bags et des pochettes. Grâce au B2C avec la marque Hindbag, elles montent ensuite en compétence en travaillant sur des pièces plus élaborées. Économiquement, cet équilibre nous permet d’optimiser les coûts de production tout en assurant la pérennité de notre modèle.

 

L’empowerment des femmes est au cœur de votre mission en Inde. En quoi ce sujet vous touche-t-il particulièrement ?
Lors de mon premier voyage en Inde, j'ai été frappé par la précarité de certaines femmes, mais aussi par les récits de violences conjugales et familiales qu'elles enduraient. L'Inde a encore beaucoup de chemin à parcourir sur ces sujets. Les rendre indépendantes financièrement est une première étape essentielle pour leur permettre de sortir de ces situations.

Le respect de l’environnement et l’engagement vers le textile le plus propre possible sont de vrais challenges quand on fait de la confection. Quelles sont vos actions aujourd’hui et qu’espérez-vous attendre pour demain ?
Notre engagement environnemental passe d'abord par le choix des matières. Nous privilégions autant que possible des matériaux provenant d’Inde, avec quelques exceptions lorsque certaines ressources ne sont pas disponibles localement. Un sujet qui me tient également à cœur, et dont on parle encore trop peu, c’est le gaspillage textile. L’industrie de la mode génère une quantité astronomique de chutes de tissu, et nous avons voulu agir concrètement sur ce problème. Pour limiter ce gaspillage, nous avons d’abord imaginé des produits conçus spécialement pour réutiliser ces chutes : porte-clés, chouchous, porte-monnaie… J’ai demandé à notre directrice artistique de développer ces accessoires afin d’optimiser chaque centimètre de matière. Mais même après cela, il restait encore des morceaux trop petits pour être exploités. Plutôt que de les jeter, nous avons décidé d’investir dans une machine capable de recycler ces micro-chutes en papier, que nous utiliserons pour fabriquer nos étiquettes. Ce projet est mené en collaboration avec une université de Delhi, située près de nos ateliers. Un premier prototype de machine a déjà vu le jour, et nous espérons la rendre pleinement opérationnelle d’ici 3 à 4 mois. C’est une étape supplémentaire vers une production toujours plus responsable et engagée.

 

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