Lire et écouter Claire Mondray, c'est sentir le soleil vous caresser la joue même sous un ciel gris. Créatrice de contenus depuis 12 ans et à l'origine du podcast Ralentir, Claire est également instructrice de yoga nidra. A travers son micro, ses mots et ses séances, elle invoque l'énergie de la lenteur, le plaisir de l'essentiel, l'introspection qui veille au monde qui nous traverse.
Depuis quelques mois, Claire est maman de Billie. A 37 ans, ce nouveau rôle aussi violent qu'indescriptible rebat les cartes de son équilibre et nous pose à toutes la même question : comment être une mère épanouie et une femme heureuse, au fil de nos vies ? Et comment ne jamais perdre de vue que l'équilibre est la somme de ce que nous sommes ?
Éloge de la lenteur
“La lenteur est souvent synonyme de paresse et de non productivité or, si chacun l’expérimente avec ses propres outils, elle permet de garder le cap et de s'octroyer aussi de l'espace pour accueillir la douceur. Avec l'arrivée de Billie, j'ai dû m'adapter à un nouveau rythme, de jour comme de nuit et placer mes priorités ailleurs. Le yoga, la marche, lire quelques pages, respirer …il n'y a pas de recettes miracles pour garder le cap mais s'octroyer des temps plus lent est une des clés pour apaiser le corps et l'esprit.”
Flow
“La quête d'équilibre bouge en permanence ! Ce n'est pas un flow continu et quotidien. La maternité me challenge énormément en me plaçant dans un certain inconfort et une grande vulnérabilité. A la naissance de ma fille, j'ai perdu ma routine, celle qui encadrait mon quotidien et m'aidait à apaiser mon anxiété. Cela rebat les cartes, il faut recomposer, et cela peut être déstabilisant.”
La fatigue psychique
“On en parle peu, en tout cas moins que la fatigue physique, mais l'arrivée d'un bébé engendre bien souvent une tempête émotionnelle. On est au coeur du réacteur. Le quotidien me paraît plus simple maintenant que les trois mois de Billie sont passés. Ces premiers instants ont été aussi beaux que violents. Il est difficile de trancher entre le désir absolu d'être avec elle et le besoin de redevenir maître de son temps, de soi, de ce qui nous fait du bien.”
Les ajustements
“Je n'étais honnêtement pas prête à supporter autant de charge mentale. J'ai gardé Billie à la maison jusqu'à ses 9 mois. J'ai adoré ces moments privilégiés mais j'ai par ailleurs ressenti une certaine injustice et un peu de jalousie envers mon compagnon. Je passais du temps de qualité avec ma fille mais quid de celui que je m'octroyais ? Il fallait mettre en place des ajustements pour ne pas nourrir ces sentiments. C'est important de les partager et de les extérioriser pour son couple et pour soi-même.”
La gratitude
“Ce dont a besoin une mère, c'est de gratitude. Bien sûr que l'on fait tout cela avec amour mais cela n'empêche pas le sentiment d'être en difficultés, de se sentir isolée, en charge d'une très grande responsabilité. Se sentir soutenue, encouragée, aimée et aussi important que de voir dans le regard de l'autre qu'il ou elle prend conscience de notre engagement.”
Revenir à sa réalité
“On porte toutes et tous nos histoires familiales et les expériences de nos entourages. Quand j'étais enfant et adolescente, ma mère souffrait de dépression et je craignais de vivre aussi avec cet état. Or, j'ai appris à revenir à ma propre réalité. L'histoire de ma mère lu appartient et ne définit pas la mienne. Depuis l'adolescence, je souffre d'anxiété. J'ai perdu ma mère jeune, puis mon père. Ce sont des épreuves qui laissent des traces dans le corps et dans l'esprit. Elles vous fragilisent et font par ailleurs la personne que vous êtes. Si tu luttes contre tes souffrances, ton mal-être, tu ne feras que les alimenter. Dans un épisode de mon podcast, je parle ouvertement de mon anxiété, du décès de mes parents, et de la manière dont je me suis fait accompagner pour ensuite trouver sereinement les outils pour vivre avec mon anxiété lorsqu’elle se présente et non pas contre elle.”
S'autoriser à pleurer
“J'ai longtemps pensé qu'être forte était une prérogative à l'amour. J'avais peur qu'en montrant mes faiblesses, la personne que j'aime parte, s'enfuit. Comme si j'envoyais des signaux négatifs à l'autre alors qu'il s'agit simplement de croyances personnelles. Or, pleurer soulage, extériorise nos peurs, nos doutes, nos fatigues, et amoindrit le sentiment de mal-être. Surtout en période de post-partum.
Nourrir sa créativité
“Il est indispensable de se retrouver avec soi, même si le temps consacré est moins long : aller se balader, lire un roman, écouter de la musique, se composer une playlist, danser, … Ce n'est pas facile mais ce n'est pas futile. En devenant maman, il est important de se rééduquer à de nouveau se reconnecter à ce qui nous met en joie. C'est la terreau de la créativité. Il faut accepter, et sans culpabiliser, que l'enfant n'est pas notre seule source de joie. Je veux être une mère épanouie et une femme heureuse.”
“Je suis sensible au beau dans ce qu'il y a de plus simple autour de moi. Il faut chercher à fertiliser chaque jour nos sensibilités. Plus on échangera sur ce qui nous touche, sur ce que l'on ressent, plus on ira vers un monde meilleur. Ce n'est pas naïf, c'est revenir à l'idée même que ce qui nous entoure nous nourrit et nous apaise.”