Chez émoi émoi, on aime donner des clés mais pas de leçons. Parce que ce sont les enfants qui donnent le rythme. Et qu’ils ont bien raison.
À quel âge un enfant sait-il parler ? Lorsqu’il prononce son premier mot, sa première phrase ? Lorsqu’il nous raconte en détail son dernier atelier pâte à sel à l’école ? En réalité, il faut du temps (peut-être même toute la vie) pour apprendre à parler. On fait le point sur tout ce que cache cette question qui fâche.
Apprendre à parler, ça prend du temps
Tout commence dans la petite enfance, moment clé de ce long processus. C’est là que les fondations se creusent, que les bases se posent. Médecins et chercheurs s’accordent sur les différentes phases qui composent cet apprentissage.
• De 0 à 2 mois, le bébé s’intéresse à la voix humaine et commence à s’exprimer avec des cris.
• De 2 à 6 mois, il utilise de plus en plus de sons pour interagir avec son environnement.
• De 6 à 12 mois, il prononce ses premières syllabes.
• De 12 à 16 mois, les premiers mots se font entendre.
• À partir de 16 mois, l’enfant apprend et utilise de plus en plus de mots.
• À partir de 3 ans, l’acquisition du langage se poursuit par la diversification du vocabulaire et l’apprentissage de la syntaxe.
Ces phases peuvent servir de points de repères, plus nuancés qu’un âge à partir duquel il faudrait savoir parler.
Et s’ils suivent un autre rythme ?
Certains enfants n’attendent pas d’avoir 1 an pour prononcer leurs premiers mots. D’autres prennent leur temps avant de passer les étapes à toute vitesse à l’approche de leurs 3 ans. De telles variations ne sont pas toujours le signe d’une précocité, d’un trouble du langage ou d’un problème d’audition. Comment expliquer ces différences ?
Pour le professeur Hubert Montagner, ancien directeur de recherches à l’INSERM, trois composantes influencent le rythme de développement de l’enfant. La première est biologique et repose sur les programmes génétiques communs à tous les êtres humains. La deuxième est culturelle : l’histoire, les règles sociales, les habitudes du groupe dans lequel l’enfant évolue influencent son rythme de développement. Et la dernière est personnelle. Chaque enfant interagit différemment avec son environnement. Le rythme d’apprentissage du langage ne dépend donc pas que des capacités de l’enfant. Peut-être n’a-t-il tout simplement pas été encouragé à s’y intéresser ?
Avant 5 ans, on parle de retard et non de trouble du langage. Un retard peut néanmoins aider à diagnostiquer un trouble plus important, lorsqu’il est associé à d’autres indices. On peut par exemple observer la manière dont un enfant interagit avec son environnement. Un bébé qui ne se réveille pas quand on fait du bruit dans sa chambre, ou un enfant qui ne répond pas lorsqu’on l’appelle et n’imite pas les sons qu’il entend, peuvent souffrir d’un trouble de l’audition. En cas de doute, il est important de consulter un médecin.
Comment les encourager à parler ?
Pour les initier très tôt à la magie des mots, on n’hésite pas à :
• Leur parler, bien avant qu’ils ne puissent nous répondre. On leur raconte ce que l’on fait, ce que l’on voit, on met des mots précis et variés sur tout ce qui les intéresse. Et on ne parle pas trop vite. On leur laisse de temps de nous comprendre et, s’ils le peuvent, de réagir à ce que l’on dit.
• Les écouter avec attention pour les encourager à communiquer avec nous. Lorsqu’ils sont tout petits, on peut aussi imiter leurs sons pour leur montrer que l’on s’intéresse à ce qu’ils nous disent.
• Les laisser nous demander ce dont ils ont besoin, plutôt que de les devancer.
• Leur poser des questions auxquelles ils peuvent répondre simplement.
• Les aider avec des mots. S’ils s’expriment avec des gestes, des sons ou des pleurs, on met des mots sur ce qu’ils essaient de dire.
• Et chaque jour chanter des comptines, lire des livres et des magazines… bref, jouer avec les mots pour apprendre à les utiliser, mais surtout à les aimer.
Photo : wanted !