Comment annoncer l’arrivée d’un bébé à son aîné ?

 

 

Chez émoi émoi, on sait que l'arrivée d'un autre enfant dans la famille se prépare. On vous donne des pistes pour l’aider à glisser en douceur vers la fratrie du bonheur.

 

 

Patienter pour gagner en sérénité
Certains parents disent que leurs enfants, même très jeunes, ont senti la grossesse planer avant même d’en voir les premiers signes. Une sorte d’instinct naturel qui les pousserait à nous coller deux fois plus. Si vous le sentez, ou si votre enfant vous questionne sur le sujet, il est préférable de ne pas le laisser dans une zone floue, mais il est vrai que beaucoup de spécialistes de l’enfant suggèrent d’attendre de sortir de la zone à risque (3 premiers mois) avant de partager sereinement la nouvelle avec votre aîné. D’abord parce que si des complications surviennent, il sera sans doute difficile de lui faire comprendre ce qui se passe, et ensuite parce que 9 mois à patienter, c’est long pour un petit qui voit la grossesse comme quelque chose de très abstrait. Si vous le sentez, attendez que votre ventre s’arrondisse pour que ce soit plus concret pour lui. 

L’aider à apprivoiser la nouvelle avec des images.
N’hésitez pas à vous aider d’un livre pour imager la venue d’un petit frère ou d’une petite soeur par le prisme d’un personnage ou d’une belle image. Parmi nos coups de coeur, on trouve le petit bijou de Pauline Martin et Astride Desbordes : Un amour de petite soeur  (le duo à l’origine du formidable Mon Amour). Mais aussi des livres plus abstraits comme Bonjour Printemps qui présente une famille de Blaireau dont la maison  se met tout doucement à grandir, à pousser, à bourgeonner. Des petits changements d’abord imperceptibles puis un peu perturbants pour la petite fille qui voit le ventre de sa maman grossir (et celui du papa aussi). Seule elle ne semble pas changer. Jusqu’au jour où son coeur se met à gonfler d’amour à l’arrivée d’un nouveau bébé…

Le dire à deux. 
Peu importe l’âge de votre ou de vos aînés, il est important d’annoncer la nouvelle à deux, d’une même voix et avec beaucoup de tranquillité. En clair, il est bien de décomplexer et normaliser le sujet. Lors d’une interview, le professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent Nicolas Georgieff  soulignait l’importance des mots et de leur simplicité :  « Si les parents sont rassurants et verbalisent le fait qu’il y aura toujours autant d’affection, d’amour pour celui qui est déjà là, la nouvelle passera beaucoup mieux. Il faut insister sur le fait qu’il n’a rien à perdre, qu’il a tout à gagner. » Le ton de la voix, le regard doux et rassurant, les sourires et les gestes tendres sont autant d’éléments importants pour soutenir le discours, surtout si l’enfant à moins de 3 ans. 

Ne pas trop lui en demander.
Quand Caroline a annoncé à sa fille de 2 ans qu’elle allait être grande soeur, sa réaction fut, pour la jeune maman, étonnante : « elle a écouté attentivement, a regardé mon ventre puis a tourné les talons sans rien dire. Ensuite, dès que j’évoquais ce bébé qui grandissait dans mon ventre, cela n’avait pas l’air de l’intéresser. Ce n’est que vers la fin de la grossesse qu’elle a commencé à caresser mon ventre et à trier ses jouets pour lui en garder… ». Des enfants ne sont pas des adultes et ne réagissent pas comme nous. Il est tout à fait normal de ressentir de la jalousie, de l’incompréhension, beaucoup de questionnements et parfois un certain déni. L’idée est de ne pas bousculer votre enfant et de ne pas chercher à obtenir la réaction dont on rêve. Comme l’évoque le petit garçon dans le livre Un amour de petite soeur cité plus haut : « « Un jour, mes parents m’ont dit que j’allais avoir une petite soeur. C’est drôle, je ne me souvenais pas leur avoir demandé. ». Et non, il n’a rien demandé ! N’oubliez pas que vous ne pouvez pas demander à un enfant d’aimer un bébé qui n’est pas arrivé. 

Montrer comme votre coeur est grand.
Les appréhensions sont nombreuses avant l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite soeur. Parmi celles qui reviennent le plus souvent, il y a la peur d’être moins aimé(e) par sa maman et son papa. Il est important de lui dire que ce bébé prendra de la place car il aura besoin de son papa et de sa maman pour le nourrir, le changer, etc. Il ne saura rien faire tout seul. Mais précisez-lui qu’il ne prendra pas pour autant sa place. L’amour ne se divise pas, il grandit. Une phrase abstraite que vous pouvez, sur les conseils de la psychologue Caroline Khanafer, illustrer dès 3 ans : Dessinez un coeur et remplissez-le ensemble de tous les noms de gens que vous aimez. Puis dites-lui « zut, il n’y a plus de place ! Que fait-on ? On supprime ton nom ? Non, regarde on peut agrandir le coeur. »

 

Et vous, vous l’avez dit comment ?

Il n’y pas de mots précis à dire ou à ne pas dire à son enfant. Vous êtes les parents et donc les mieux placés pour savoir quels termes utiliser. Certains parlent de bébé qui pousse, de famille qui s’agrandit, de petit frère ou de petite soeur qui arrive, …C’est à vous de voir. 4 parents nous racontent les mots qu’ils ont dit :

Alice, maman de Paula, 3 ans : « Quand mon ventre s’est arrondi (vers le 4ème mois), avec son père nous nous sommes assis à côté de notre fille de 3 ans et nous lui avons dit : « Tu sais papa et maman t’aiment très forts. Ensemble, nous sommes une belle famille : toi, papa et moi. Il faut que l’on te dise quelque chose : dans mon ventre, il y a un petit bébé qui grandit petit à petit. Dans quelques temps, on va tous les trois l’accueillir dans notre maison, avec beaucoup d’amour. Tu veux ? » Ma fille a souri timidement. Puis nous sommes passés à autre chose. Quelques jours après, elle est venue vers moi pour caresser mon ventre… 

Paul, papa de Louis, 2 ans : « Nous en parlions discrètement avec ma femme durant les trois premiers mois de grossesse. Une amie nous a rapidement offert un livre dans lequel une maman attend un bébé. Nous avons choisi de le lire à notre fils. Et à la fin de l’histoire, il a pointé le ventre de ma femme en disant « bébé aussi ». Ca nous a scotché. Mais sans doute avait-il senti ou entendu des choses. Nous avons souri et lui avons simplement dit : oui mon amour, un petit bébé arrivera dans quelques temps. »…

Soline, maman de Rita, 6 ans. : « Ma fille me réclamait depuis quelques mois un petit frère, comme sa copine Juliette. J’ai patienté 2 mois et demi et après la première échographie, je suis allée acheter des petits chaussons de bébé. A la sortie de l’école, nous sommes allées prendre un goûter dans un salon de thé. Je lui ai tendu le paquet. Quand elle l’a ouvert, je lui ai dit que si elle le voulait, elle pourrait les mettre au pied de son petit frère ou sa petite soeur dans quelques mois. Elle a fondu en larmes. C’était tellement mignon. Je suis séparée de son papa donc j’ai préféré lui annoncer seule à seule. En revanche, quelques semaines après, quand nous lui avons annoncé qu’elle aurait une petite soeur, j’ai senti un peu de déception. Mais vite chassée par tous les bons côtés d’être un duo de filles !

Clara, maman de Léonie, 3 ans et demi. « A 4 mois de grossesse, je ne pouvais plus cacher mon ventre mais n’osais pas le dire à ma fille de peur que ces longs mois lui paraissent une éternité. Un matin, elle est venue dans notre lit et s’est assise sur mon ventre ! J’ai instinctivement sursauté. Elle m’a alors demandé ce qu’il y avait dedans, l’air de rien. Nous lui avons tout de suite dit qu’un tout petit bébé était en train de grandir dans mon ventre. Comme ce fut le cas pour elle. Elle m’a fait la tête pendant quelques jours puis un matin, m’a demandé si elle pouvait garder ce jouet qu’elle n’utilisait plus pour le bébé. J’ai répondu « bien sût mon amour. » Sans en faire trop. »…

Et vous, comment l’avez-vous annoncé ? On a hâte que vous nous partagiez votre histoire…

 

 

 

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