L’histoire de Liza, c’est celle de milliers de femmes, de couples, en France. Celle d’un désir fou d’enfant qui ne se réalise pas. Celle d’un parcours long, difficile, courageux, semé de discours qui mettent à terre et d’amour qui vous relève. Ce parcours de PMA, Liza le raconte sans fard sur son blog PMA pour mon miracle. Après 4 protocoles de FIV, 3 ponctions et 3 transferts d’embryons, le miracle de Liza et de son compagnon porte désormais un joli prénom…Simone, née peu avant Noël. Elle nous raconte son histoire.
L’annonce
Extrait du blog : « Je suis comme un animal blessé, sauvage et en colère, tellement en colère.
Je me sens seule au monde, incomprise. Pour lui il y a des solutions, pour moi c’est la mort. »
En mars 2016, vous apprenez après 14 mois d’essais que vous êtes stérile. Vos trompes sont bouchées à la suite d’une chlamydia et les déboucher est une opération vaine. Vous sortez de cet examen profondément en colère. Jusqu’à ce dialogue avec votre gynécologue…En quoi les paroles de ce médecin de confiance ont-elles éclairé votre route ? Au contraire, certains discours vous-ont ils profondément découragé ?
Il m’a dit qu’il y avait une solution : la FIV. Sur le moment je me suis dit qu’est ce qui m’arrive ? C’est quoi une FIV ? Qu’est ce qui nous tombe sur la tête ? Mon gynécologue a eu les mots justes. Il m’ a dit que j’étais encore jeune, que les FIV ça marche et que sans cette solution je n’aurais pas pu avoir d’enfants. Les discours qui découragent relèvent surtout du manque de connaissance des gens. Ceux qui te disent : « Mais ça va t’as pas un cancer, t’es pas malade ». Sauf que la chlamydia, c’est une maladie qui a bousillé mon corps. Le manque de connaissance rend maladroit. Certains diront aussi : « Ça va vous êtes jeunes, vous avez avez le temps. » Mais combien de temps cela prendra-t-il au justement ?
Vous le dites dans votre blog, c’est sans doute l’acceptation de la situation qui est le plus difficile à apprivoiser. Comment cela s’est passé pour vous ?
Le chemin vers l’acceptation a été long. J’ai dû envisager l’éventualité de ne jamais avoir d’enfant biologique, mûrir la possibilité d’une adoption. Ce n’est qu’après 2 ans et demi de combat que j’ai commencé à me dire : « ok, on aura une autre vie, c’est notre chemin. J’ai déjà fait 3 FIV, une opération, ça suffit… je fais la dernière et on verra. » Il faut de toute façon se faire aider. Ma psy a été importante de ce processus.
L’intimité
Extrait du blog : « Comment oublier cette fois où tu enterres ta fertilité, ton bébé couette, ton bébé surprise ? Terminé les tests où tu penses être enceinte, tout ça n’existe plus, fini l’intimité. On entre dans le monde de la PMA, un monde certes fascinant mais bordel, ton intimité tu te la mets où je pense. »
Vous évoquez dans votre blog la perte d’intimité inhérente à un parcours de PMA. Pour vous, comme pour votre compagnon. Mais aussi le deuil du bébé surprise. Comment avez-vous apprivoisé ces aspects ?
Avec l’humour. Sans rire, on n’aurait pas tenu. Et puis grâce à cette envie profonde de fonder notre famille. Nos amis et nos proches on été d’un soutien infaillible. Ce deuil, il s’est fait avec du temps. Quand nous avons débuté les protocoles, on était dans une autre énergie. Une énergie de guerriers.
La culpabilité
Extrait du blog : « Putain mais bordel si tu savais. On est tous les deux des « cassos » pour faire un enfant, tu t’imagines pas comme je suis heureuse, c’est notre problème à tous les deux. Je ne suis pas la seule, ce n’est pas que mon putain de problème, c’est le nôtre. »
Au début de votre parcours, vous parlez sans tabou de la culpabilité de faire vivre cette épreuve à votre compagnon, d’être en somme la responsable de cette infertilité. Jusqu’au moment où vous apprenez que sa fertilité est aussi mise en cause…Cela vous « soulage » en quelque sorte. On parle peu de cette culpabilité, pourtant cela peut être un sentiment dévastateur pour soi et son couple non ?
Cette culpabilité était très forte et très difficile à vivre. J’étais comme un animal sauvage, agressive, triste. Mais mon mari ne m’a pas lâché. Je crois qu’il faut beaucoup beaucoup d’amour dans le couple pour surmonter tout ça. Ce soutien a été la plus grande preuve d’amour que j’ai eu de ma vie car on s’est soudé comme jamais. Mais cela peut aussi détruire le couple si le ressenti de la femme est dédramatisé et mal compris.
L’amour
Extrait du blog : « J’ai le meilleur mari du monde parce qu’il est lui tout simplement, et je suis tellement moi avec lui. On fait pas semblant, je suis vive et lui aussi… Gros caractères. »
Ce parcours c’est d’abord une aventure qui repose sur une formidable histoire d’amour. Vous consacrez d’ailleurs un post à votre mari. Après une telle épreuve et un tel bonheur à son terme, comment un couple sort-il de tout cela ?
Soit il sort fort soit il se brise. C’est vraiment quitte ou double. Avec des plumes en moins et une épée à la main.
Sur votre blog, vous délivrez avec sagesse vos conseils de petite guerrière à l’adresse de celles et ceux qui vivent ce parcours de la PMA. En quoi ce réseau d’entraide, de témoignages et d’écoute est-il absolument nécessaire et bénéfique selon vous ?
L’entraide est incroyable et primordiale, c’est un sujet qui est tabou et j’ai trouvé un vrai réseau de soutien sur Instagram par le biais d’ un compte que j avais créé spécialement pour ça : Le journal de Lili. J’ai parlé avec des centaines de femmes pendant tout mon parcours, j ai trouvé mon « magicien » grâce à elles et j’ai beaucoup appris sur la PMA . Le fait d’écrire sans filtre tout ce qui m’arrivait et de le partager sur ce compte a été par ailleurs une révélation. D’où ce besoin de créer mon blog et d’aider à mon tour.
Le miracle
Simone est née à la fin de l’année. Sans aucun doute le plus beau des cadeaux. Comment vivez-vous ces premières semaines de maman, de parents ?
On a eu un bébé de petit poids et j’ai eu une césarienne car Simone était coincée. A cause du cordon, elle n’arrivait pas à descendre. La clinique et l équipe de Sainte Félicité ont été incroyables mais la pression était grande et la claque encore plus. J’ai étais marquée par le changement radical de position de notre couple et de notre rôle de parent. Trois semaines ont passé durant lesquelles ma mère est venue me ramasser à la petite cuillère. Je peux dire aujourd’hui que ça va mieux et que nous sommes plus détendus depuis que Simone a dépassé les 3kg. La douleur physique se dissipe peu à peu et nous trouvons notre rythme. Notre vie de famille peut enfin prendre son chemin. Je crois que notre fille sait qu’elle a était très désirée et nous le rend bien. Le baby blues ne m’a pas épargné et il se dissipe petit a petit. Mais quelle aventure incroyable et quelle claque ! La page de la PMA se tourne, j’ai encore du mal à réaliser tout ça et la césarienne fait que j ai l impression que Simone est venue du ciel, et pas de mon ventre. C’est fou mais ça y’est, on a réussi et on la découvre et l’aime encore plus chaque jour. Merci la PMA. Et merci la vie.