Fausse joie

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Souvent, tout se passe bien : du test de grossesse à l’accouchement, ce bébé prend de plus en plus de place en nous, jusqu’à la naissance tant attendue. Mais donner la vie n’est pas toujours aussi simple. Près d’une femme sur trois est confrontée à une fausse couche. Le plus souvent au premier trimestre, parfois plus tard. Confession d’une jeune maman, qui est passée par là.

« J’étais en pleine forme, c’était ma première grossesse et tout le monde me disait que cela m’allait à ravir. J’avais passé le cap fatidique des 3 premiers mois – 10% des grossesses se terminent par une fausse couche au 1er trimestre, ouf j’étais sauvée ! J’avais annoncé l’heureuse nouvelle à ma famille, mes amis, au bureau. J’avais même acheté mes premiers jeans de grossesse.

Un rendez-vous de contrôle chez mon gynéco comme tous les mois depuis 4 mois… et tout a basculé. Le verdict était sans appel. Le cœur de mon bébé ne battait plus. Je faisais une fausse couche dite tardive. A ce stade de la grossesse, pas de comprimé, pas de curetage, il faut accoucher en urgence à l’hôpital : péridurale et tout le tralala, comme « pour de vrai ».

Je ne sais même plus comment j’ai réussi à prendre ma voiture pour rentrer chez moi. Je ne sais plus comment j’ai réussi à dormir. Je me souviens de mon petit ventre bien rond et de mes yeux tout rouges attendant mon tour à l’hôpital, au milieu des « vraies » femmes enceintes. J’ai eu la chance d’être extrêmement bien entourée par ma famille, mes amis et mon gynéco. Le staff de l’hôpital était aux petits soins pour mon mari et moi. A l’exception de cette infirmière qui, le lendemain de l’accouchement, est rentrée dans ma chambre et m’a demandé si j’allaitais. Stupéfaction.

Je me souviens des médecins qui me rassurent en me disant que ça arrive plus souvent qu’on ne pense, que nous sommes des milliers de femmes à faire des fausses couches avant de devenir maman, que « la nature fait bien les choses ». Cet argument si douloureux… On vous le sort à tour de bras quand vous perdez un bébé.

Je me souviens que quand le bébé est sorti, on nous a demandé si on voulait le voir, si on voulait connaître le sexe. Je me souviens que c’était le pire moment de ma vie, le plus triste, le plus douloureux, le plus incompréhensible, le plus injuste. Je pense encore souvent à ce petit ange.

Mais je sais que je ne suis pas seule. Je sais maintenant qu’une femme sur trois fait l’expérience d’une fausse couche au cours de sa vie. Que ça peut se produire beaucoup plus tard au cours de la grossesse… J’ai soutenu certaines de mes amies qui ont dû passer par plusieurs fausses couches avant de devenir maman. Et je ne comprends toujours pas pourquoi ce phénomène pourtant super fréquent reste aussi tabou. Quand j’en parle, je sens que mes interlocuteurs sont toujours un peu gênés. Mais pourquoi ? Parce qu’ils ne savent pas comment réagir ? Parce que c’est trop intime ? A eux, j’ai envie de dire que pour surmonter une telle épreuve, il faut déjà l’accepter.

Et dans mon cas, cette acceptation s’est faite quand j’ai eu la chance de devenir maman. J’ai eu deux petites filles, j’attends un petit garçon. J’ai fait une autre fausse couche au premier mois de grossesse. Je l’ai beaucoup mieux vécue, parce que plus tôt, parce que mieux préparée, parce que déjà maman… Alors j’ai envie de partager un message d’espoir : si vous passez par-là, sachez qu’on peut s’en remettre, que la vie est plus forte que tout. »

Publié le Ecrit par Malo