La première fois que j’ai rencontré mon bébé #1

On imagine cette rencontre pendant des mois. Ou pas. On l’appréhende, on s’impatiente, on la redoute, on l’attend…Et comme chaque naissance est différente, chaque rencontre l’est tout autant. Nos 5 mamans et 2 papas nous parlent de ces premières minutes, de ce temps qui s’arrête, de la magie mais aussi de ces émotions multiples et paradoxales qui font de nous des femmes et des hommes uniques et profondément aimants. 

 

J’ai tout compris en un regard.
« Un regard, ce fameux regard du naissant, ce moment où ce nouveau-né d’à peine quelques secondes cherche votre regard alors même qu’il ne voit pas grand chose. Ce geste « animal » m’a touché en plein coeur. Je l’ai de suite reconnu, ce regard que j’avais inconsciemment dessiné dans ma tête. Ce nez, cette bouche, ce visage tout en rondeur, ce petit gabarit, ces sourcils à peine dessinés. Je n’ai pas été surprise ou dépassée, je lui ai juste dit : « ah te voila enfin ! », comme s’il ne manquait plus que le toucher pour le rencontrer. » Inès, maman de Paul. 

J’ai photographié chacun de ses traits
« 1h avant ma césarienne programmée, je pleurais déjà dans l’ascenseur et transmettais mon émotion à tout le personnel soignant. Je n’avais absolument pas prévu cette vague qui me faisait trembler de la tête au pied avant même l’arrivée de mon bébé. C’était physique, psychique, paralysant aussi. La veille, je faisais la fière mais je ne me rendais pas compte de ce qui allait se jouer là. Il y a quelque chose de spécial avec la césarienne programmée : on sait que d’ici quelques jours, quelques heures, puis quelques minutes (une fois entrée dans le bloc), il sera là, dans vos bras. Quand l’obstétricien m’a dit « Madame, votre bébé arrive et il est magnifique. », j’ai lâché les vannes à fond et j’ai pleuré comme une enfant. Je sentais l’imminence de la rencontre, elle était là. Et puis il l’a brandi au dessus de moi à la manière de Simba (#LeRoiLion). Et là, je n’avais rien vu d’aussi beau, d’aussi vrai. J’ai photographié dans ma tête ses yeux à peine ouverts, sa petite tête déjà chevelue, sa peau un peu foncée. J’ai photographié ce moment comme on grave ses premiers mots d’amour sur un arbre. Avec l’émotion pure d’un coup de foudre immédiat. Amandine, maman d’Adèle et Gaspard

Je me suis défilée.
« Et je n’ai aucune honte à la dire. Je me suis dérobée comme on file par la porte arrière avant une rencontre au sommet. Après une grossesse chargée en nouveautés (nouveau corps, nouvelles sensations, nouveau rapport au couple, nouvelles habitudes, …), le dernier chapitre mais aussi le premier d’une vie m’a fait peur. Ou plutôt : j’ai été impressionnée. Par la puissance de l’accouchement, par ce petit être que nous avions créé, par le fait qu’elle comptait à 1000% sur moi, sur nous. Aujourd’hui et pour le reste de sa vie. Bref, grosse panique dans ma tête ! J’ai eu besoin d’une heure pour reprendre mes esprits, 1h pour me rendre compte de la chance folle que j’avais et quelques heures supplémentaires pour commencer à apprivoiser celle qui me rend profondément heureuse depuis bientôt 1 an. » Mélodie, maman de Cléa. 

Nous nous sommes présentés.
« Nous somme deux papas. Nous avons accompagné Laurie, notre mère porteuse, tout au long de sa grossesse. Nous avons suivi chaque échographie comme une étape supplémentaire qui nous rapprochait de la rencontre ultime. Nous avons accompagné cette femme si généreuse, si précieuse jusqu’aux portes de la naissance. Alors quand Léonard notre petit garçon est arrivé, nous avons pris une vague d’émotions puis nous nous sommes présentés. Tout simplement : « Hello Léonard ! Tu as une chance de dingue, tu as 2 papas et une femme exceptionnelle qui t’a donné la vie. On sera toujours là pour toi. Et on prendra régulièrement des nouvelles de Laurie, notre belle étoile, celle qui t’a porté durant 9 mois. » J’avais vu dans un documentaire sur la naissance que les nouveau-nés captent nos attentions, le coeur de nos messages. Alors nous y avons mis le ton le plus doux et le plus sincère possible pour l’accueillir dans cette belle aventure. » Henry et Benoît, papas de Léonard

J’ai vu mon père.
« Ce regard doux et bienveillant de mon papa disparu cinq mois avant sa naissance. Je n’attendais pas spécialement de ressemblances, je ne les cherchais pas mais j’ai eu le sentiment tout à fait sain que mon papa me faisait un clin d’oeil à travers mon fils. Quelque chose du genre « Je suis parti mais je suis toujours là ». J’ai ressenti un shoot de bonheur et bien sûr un peu de mélancolie…mais c’est fou ce qu’une naissance peut transcender une peine en quelque chose qui vous élève, vous rend plus fort. J’ai fait la part des choses bien sûr : mon fils Louis n’avait pas à porter un poids trop lourd mais l’héritage de mon père était là. » Anaïs, maman de Louis.

Je suis devenue maman.
« Ma grossesse a été difficile. Je n’ai pas été spécialement épanouie pendant ces 8 mois. Alors j’appréhendais logiquement l’arrivée de mes enfants. Ah oui, je précise, je suis maman de jumeaux : Colette et Marceau. Donc double stress pour moi. Je n’avais pas spécialement l’esprit maternel selon mes proches. Ce qui avait le don d’interroger mes amis sur mon futur rôle de maman. Avec le sourire hein. Ils ne voulaient pas être méchants ! Et puis un soir de décembre, mes enfants se sont présentés à moi. C’est comme ça que j’ai ressenti leur arrivée…en douceur, avec précaution, l’air de dire : « on sait que tu as des réserves, on va tout faire pour que tu tombes in love tout de suite ! ». Et ça a marché. Quand ils ont posé mes bébés sur moi, j’ai ressenti une chaleur immense. J’étais maman à 120%. » Garance, maman de Colette et Marceau.

Photo : @mandajune.photo

Publié le Ecrit par Amandine