On imagine cette rencontre pendant des mois. Ou pas. On l’appréhende, on s’impatiente, on la redoute, on l’attend…Et comme chaque naissance est différente, chaque rencontre l’est tout autant. C’est pour cela que l’on adore vous donner la parole. Pour raconter les premières minutes de ce temps qui s’arrête, de la magie mais aussi de ces émotions multiples et paradoxales qui font de nous des femmes et des hommes uniques et profondément aimants.
J’ai gagné un marathon
« Ma fille et moi, nous avons vécu un marathon. De ceux qui ne semblent jamais avoir de fin. Un accouchement lent et fatiguant qui m’a laissé éveillée toute la nuit avant de voir le bout du tunnel au petit matin. Je me souviens de l’effort immense qu’il a fallu fournir pour aider Lise à venir au monde. De cette impression paradoxale de tout donner physiquement sans pour autant que ces efforts soient suffisants. Alors quand dans un dernier élan de force, elle est arrivée, j’ai lâché les vannes, j’ai pleuré, j’ai tremblé et j’ai aussi eu peur d’être trop faible pour la tenir. J’ai donc rapidement demandé à la sage-femme de prendre Lise. J’avais trop peur de la faire tomber. Et j’ai compris à ce moment précis à quel point l’instinct de protection était là. Et ne partirai jamais. » Charlotte, maman de Lise, 17 mois.
J’ai été frappé par leur ressemblance.
« À son premier cri, j’ai pris une claque. D’abord sonore : il est là, il va bien, je suis papa, j’ai un fils ! Puis visuelle. J’ai deviné les traits de ma maman sur le visage de mon fils âgé de quelques minutes. Quelque chose de dingue, une ressemblance comme un signe. Ma maman était partie 7 mois auparavant alors même qu’elle venait d’apprendre la grossesse de ma femme. Je ne sais pas si cela relève d’un joli message de sa part. Moi, je l’ai pris comme un immense cadeau. » Jules, papa de Léo, 4 mois.
Je n’étais pas dans les meilleures conditions.
« J’ai accouché par césarienne. Et j’ai plutôt mal réagi au produit anesthésiant. J’avais la nausée et la tête qui tournait beaucoup alors que je tenais contre moi en peau à peau ma fille tout juste née. Je rêvais de ce moment et je tentais d’aller au-delà de mon mal-être, en vain. J’ai demandé à la sage-femme de reprendre Louise et de proposer à mon compagnon de faire le peau-à-peau à ma place. C’est une fois remontée du bloc que j’ai pu profiter pleinement de cette rencontre. Et là, je l’ai dévorée des yeux de longues heures… » Solenn, maman de Louise, 1 an.
Je l’ai tout de suite aimée.
« Quand ma compagne m’a annoncé qu’elle était enceinte, j’ai eu du mal à me projeter. Et cela a duré toute la grossesse. J’appréhendais son arrivée avec cette question qui me hantait : Allais-je aimer cet enfant ? Je n’osais pas en parler autour de moi de peur de choquer mon entourage. Mais c’était ce que je ressentais à ce moment-là. Et puis, elle est arrivée comme une fleur, en douceur un jour de juillet et dès que je l’ai vue, mon coeur a explosé. 5 mois plus tard, je n’en reviens toujours pas. C’est comme-ci elle avait compris qu’un seul premier regard suffirait à me rassurer. » Paul, papa (in love) de Carla, 6 mois.
Photo : Wanted !